Au lendemain de la sortie sur nos écrans de Django Unchained sortait un livre baptisé sobrement Quentin Tarantino, un cinéma déchainé. Foncez l'acheter. Oui, je sais, je commence par ma phrase de conclusion mais je viens de lire le recueil de critiques le plus riche depuis longtemps. Et j'en lis un paquet. Soyons extrême: il s'agit là du livre le plus complet sur Tarantino sorti à ce jour, le seul à englober l'intégralité de la filmographie du cinéaste. Django inside. Bien sur pas de biographie, pas de photos. Là n'est pas le propos. On a tout dit sur Tarantino. Des débuts en vidéo-club jusqu'au fétichisme des pieds. Comme si, fatalement, on avait fait le tour de la question. On en a fait un adjectif, tarantinien, qui classifie tout et n'importe quoi: du cool au mauvais gout. Alors que le cinéaste se renouvelle sans cesse, loin des clichés de ses détracteurs qui n'y voient que bavardages et récupérations "à la Tarantino". Au paradis des critiques, les pisse-froids sont bénis. Oui mais voilà, ce recueil de critiques aborde QT sous un nouvel angle : celui du recommencement à neuf. Fini les amalgames recyclage-pompage-hommage. Tarantino filme sur pellicule et il filme un nouveau cinéma. En donnant la parole à des philosophes et des historiens, en plus de critiques de cinéma, nous sortons de la pure analyse filmique pour entendre de nouveaux orateurs. Cela permet de questionner l’œuvre sous un nouveau jour. Parce que depuis Reservoir Dogs, la forme et le fond ont évolué, pour atteindre, n'en déplaise à certains, l'Histoire, quitte à en secouer la cage, et la politique, en versant dans l'irrévérencieux forcément. Tarantino est bien trop loin des conventions pour être analysé de façon conventionnelle et sa filmographie, toujours en gestation, évolue avec chaque nouveau film. Comme si chaque nouvelle pierre apportait une explication à l'ensemble. Pulp Fiction n'est plus le même film qu'en 1994 et n'est pas encore celui qu'il sera demain.
Trahi tôt par le père, il imaginera par la suite des héroïnes supersize et ce sera sa réponse décalée. Tarantino adule les genres parallèles, les oubliés du cinéma, cet art pourtant pensé pour les foules. Il préfère les Corbucci et Lam aux Hitchcock et Ford. Et le paradoxe, c'est qu'il est l’égérie de la hype, le réalisateur rock star par excellence. Un mec in avec béret Kangol de révolutionnaire et une veste de kung-fu. Lorsqu'on me demande pourquoi j'aime tant Tarantino, je réponds que c'est parce que j'ai toujours préféré la face B au single. Ce livre appelle à l'envers du décor, loin du surfait et du déjà lu.