Deux mois après la fuite de son dernier scénario ("The Hateful Eight"), Quentin Tarantino ne dérage pas. S'il a - officiellement - renoncé à tourner le film, sur le terrain judiciaire, il ne lâche pas l'affaire. Retour sur les faits.
Chapitre 1 - 23 janvier : la fuite
Le site Gawker, spécialisé dans la publication d'indiscrétions sur le monde des médias et du divertissement, diffuse par le biais d'autres sites, le scénario de 146 pages du prochain film du réalisateur de "Pulp Fiction". Titre du film en cours : "The Hateful Eight". Titre de l'article de Gawker : "Voilà le scénario de Quentin Tarantino qui a fuité". Quentin Tarantino hésite à tuer son prochain film dans l'œuf. "Je suis très, très déprimé […] J'ai terminé un scénario, un premier jet, et je ne comptais pas filmer avant l'hiver prochain, dans un an. Je l'ai donné à six personnes et manifestement il a été diffusé aujourd'hui." a-t-il confié au site "Deadline.com". Amer, il finit par lancer la sentence : ""The Hateful Eight" ne sera pas mon prochain film." Parmi les six personnes dans la confidence, trois acteurs : Tim Roth, Michael Madsen et Bruce Dern.
Le site Gawker, spécialisé dans la publication d'indiscrétions sur le monde des médias et du divertissement, diffuse par le biais d'autres sites, le scénario de 146 pages du prochain film du réalisateur de "Pulp Fiction". Titre du film en cours : "The Hateful Eight". Titre de l'article de Gawker : "Voilà le scénario de Quentin Tarantino qui a fuité". Quentin Tarantino hésite à tuer son prochain film dans l'œuf. "Je suis très, très déprimé […] J'ai terminé un scénario, un premier jet, et je ne comptais pas filmer avant l'hiver prochain, dans un an. Je l'ai donné à six personnes et manifestement il a été diffusé aujourd'hui." a-t-il confié au site "Deadline.com". Amer, il finit par lancer la sentence : ""The Hateful Eight" ne sera pas mon prochain film." Parmi les six personnes dans la confidence, trois acteurs : Tim Roth, Michael Madsen et Bruce Dern.
Chapitre 2 - 27 janvier : début du procès
Gawker tente de se défendre mais, le cinéaste n'apprécie pas qu'on remue le couteau dans la plaie encore béante. Tarantino attaque le site internet en justice pour usage frauduleux et diffusion illégale d'une œuvre sous droits d'auteur. "Le fonds de commerce de Gawker Media est un journalisme prédateur, prêt à violer les droits des gens pour faire de l'argent", expose-t-il dans la plainte déposée par son avocat. Il porte également plainte contre plusieurs X qui ont publié anonymement son scénario – pour violation du copyright. Pour chaque plainte, le réalisateur réclame au moins un million de dollars de dommages et intérêts.
Gawker tente de se défendre mais, le cinéaste n'apprécie pas qu'on remue le couteau dans la plaie encore béante. Tarantino attaque le site internet en justice pour usage frauduleux et diffusion illégale d'une œuvre sous droits d'auteur. "Le fonds de commerce de Gawker Media est un journalisme prédateur, prêt à violer les droits des gens pour faire de l'argent", expose-t-il dans la plainte déposée par son avocat. Il porte également plainte contre plusieurs X qui ont publié anonymement son scénario – pour violation du copyright. Pour chaque plainte, le réalisateur réclame au moins un million de dollars de dommages et intérêts.
Retournement de situation : le soir même, le rédacteur en chef de Gawker, John Cook,
supprime les liens vers le scénario et affirme que le contenu de
l'article donnait comme seule information la publication du scénario sur
d'autres sites. Echec de l'entourloupe. Il tente alors d'expliquer
qu'il s'agissait d'un "procédé purement informatif". Or, "Il
n'y a rien de journalistique et d'informatif dans ce papier. Ils ont
dépassé les limites en encourageant les gens à céder à l'illégalité", concluent fermement les avocats de Tarantino (Marty Singer, Evan Spiegel et Henry Self).
Chapitre 3 - 10 mars : renvoi de balle
Le site Gawker qui vient d'obtenir le soutien d'un juge fédéral en Californie, exige le retrait de la plainte. Selon le site, la simple lecture d'un scénario n'est pas un acte frauduleux : "La plainte ne fait que soulever la possibilité que certaines personnes aient lu le script par le biais du site Gawker. Ce sont ces personnes qui sont en faute et qui ont violé les droits de Tarantino. […] Donner accès à un script par un simple lien est juridiquement insuffisant." Ce à quoi les avocats de Tarantino répondent : le site a exercé une forte incitation, ou "a encouragé effrontément" les internautes à lire le scénario par le message "Enjoy !" (littéralement, "Profitez-bien !").
Le site Gawker qui vient d'obtenir le soutien d'un juge fédéral en Californie, exige le retrait de la plainte. Selon le site, la simple lecture d'un scénario n'est pas un acte frauduleux : "La plainte ne fait que soulever la possibilité que certaines personnes aient lu le script par le biais du site Gawker. Ce sont ces personnes qui sont en faute et qui ont violé les droits de Tarantino. […] Donner accès à un script par un simple lien est juridiquement insuffisant." Ce à quoi les avocats de Tarantino répondent : le site a exercé une forte incitation, ou "a encouragé effrontément" les internautes à lire le scénario par le message "Enjoy !" (littéralement, "Profitez-bien !").
Chapitre 4 – Hier, 25 mars : l'acmé
Les avocats de Tarantino multiplient les pressions et les menaces à l'encontre du site. Pour le réalisateur, Gawker souffrirait à la fois d'un manque flagrant d'éthique et de dogmatisme. Il accuse Gawker d'avoir voulu faire sensation avec une information insolite. Gawker rétorque que seul Tarantino aurait déclenché la polémique en montant sur ses grands chevaux quelques heures seulement après la publication de son script, au point qu'on en finirait presque par le soupçonner de l'avoir lui-même mis en ligne. Pour sa défense, le site prétend en outre avoir tiré la sonnette d'alarme, alors que l'information avait déjà bien circulé sur la toile. Pour Tarantino, Gawker "raconte des histoires" ("The Hollywood Reporter") et tente de détourner l'attention en rejetant la faute sur les autres sites. Bref, le cinéaste attend toujours les aveux de "Gawker" – qui s'est jusqu'ici bien gardé de les offrir – coupable selon lui d'avoir publié des informations pernicieuses indiquant comment, où et quand – invitation à l'illégalité, donc – télécharger le script.
Les avocats de Tarantino multiplient les pressions et les menaces à l'encontre du site. Pour le réalisateur, Gawker souffrirait à la fois d'un manque flagrant d'éthique et de dogmatisme. Il accuse Gawker d'avoir voulu faire sensation avec une information insolite. Gawker rétorque que seul Tarantino aurait déclenché la polémique en montant sur ses grands chevaux quelques heures seulement après la publication de son script, au point qu'on en finirait presque par le soupçonner de l'avoir lui-même mis en ligne. Pour sa défense, le site prétend en outre avoir tiré la sonnette d'alarme, alors que l'information avait déjà bien circulé sur la toile. Pour Tarantino, Gawker "raconte des histoires" ("The Hollywood Reporter") et tente de détourner l'attention en rejetant la faute sur les autres sites. Bref, le cinéaste attend toujours les aveux de "Gawker" – qui s'est jusqu'ici bien gardé de les offrir – coupable selon lui d'avoir publié des informations pernicieuses indiquant comment, où et quand – invitation à l'illégalité, donc – télécharger le script.
Prochain chapitre : le 14 avril devant le juge John Walter.
Source: Le Nouvel Obs.
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