mercredi 2 décembre 2015

Tarantino en entretien pour Première


Les 8 Salopards est votre long-métrage qui contient le plus de références au reste de votre œuvre et, pourtant, on en ressort avec la sensation d’avoir vu votre film le plus original…
Intéressant… Vous pouvez élaborer ?

Le début dans la diligence, juste après Django Unchained, place le spectateur en terrain connu. Ensuite, lorsque les personnages arrivent dans l’auberge, on pense à la première scène d’Inglourious Basterds. Le speech que Samuel L. Jackson y délivre à Bruce Dern renvoie directement à la scène des Siciliens dans True Romance… Sans oublier l’ambiance à la Reservoir Dogs que vous êtes le premier à souligner…
La même chose m’était arrivée lorsque j’écrivais la séquence d’Inglourious Basterds dans la cave. Je me souviens avoir posé mon stylo en pensant : « En fait, c’est Reservoir Dogs, mais dans un sous-sol en Allemagne. » Ce n’était pas intentionnel de ma part, mais oui, la structure des 8 Salopards fait à nouveau écho à celle de Reservoir Dogs une fois que nous sommes dans l’auberge : les personnages débarquent un par un, se présentent sans qu’on sache vraiment s’ils disent ou non la vérité et, juste avant le troisième acte, un flashback vient tout remettre en perspective.

C’est aussi là que Les 8 Salopards devient original, et s’impose en quelque sorte comme votre premier film d’horreur, évoquant de manière totalement inattendue Evil Dead.
J’ai récemment reconnecté via internet avec une ex-petite amie, que je fréquentais avant de tourner Reservoir Dogs. Je l’ai invitée à venir voir le film et, à l’issue de la projection, elle a demandé à m’interviewer pour son blog culturel. Elle a été la première à me faire la remarque pendant l’entretien, avançant l’idée que Les 8 salopards est en apparence mon deuxième western mais qu’au fond, il s’agit avant tout de mon premier vrai film d’horreur. Quand on y pense, la musique d’Ennio Morricone s’apparente d’ailleurs plus à celle d’un film d’horreur qu’à un score de western spaghetti. On est plus proche de The Thing que de Sergio Leone… Et puisqu’on parle du classique de John Carpenter, les multiples clins d’œil à The Thing dans Les 8 Salopards, plus ou moins conscients, n’ont pas dû vous échapper : Kurt Russell, les personnages coincés dans cette cabane par une tempête de neige, la paranoïa, les faux-semblants, jusqu’à cette explosion de violence finale… Le plus intéressant, dans tout ça, c’est que Reservoir Dogs, à l’époque, était mon hommage à The Thing, sans la neige, les effets spéciaux, et Kurt Russell.

Vous bouclez la boucle ?
Il y a de ça. Même si je me sers de ces références pour dire complètement autre chose aujourd’hui. Les 8 Salopards tente de livrer un constat sincère sur l’Amérique au lendemain de la Guerre de Sécession.

Interview Mathieu Carratier
Vous pouvez lire la suite de cette interview dans le dernier numéro de Première, actuellement en kiosques.

(Source: Première.fr)

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